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Catherine Fournier, l'obsession de la justice   

Catherine Fournier, journaliste à FranceTV info, Photo : CM 
Journaliste à France TV info, Catherine Fournier reste persuadée que la chronique judiciaire peut encore se réinventer. Passionnée par la justice et sa dimension psychologique, la journaliste regrette parfois l'emballement médiatique qui l'éloigne du terrain au profit du desk.

Remettre la chronique judiciaire au cœur du traitement médiatique. Voilà le défi selon Catherine Fournier, journaliste à France TV info, spécialisée dans les questions de justice. « Je fais des Live tweet, des compte-rendus d'audience, des papiers parapluie avec des liens, des portraits... J'aimerais proposer un nouveau format. Il y a sûrement encore des choses à inventer », explique la journaliste de 38 ans.

 

Pour cette femme brune aux cheveux courts, la carrière de journaliste n'a pas toujours été une évidence. Avec des parents professeurs, elle sait qu'elle ne veut pas suivre leur voie, sans vraiment savoir au profit de quoi. Après la fac de lettre à Angers, sa ville natale, elle fait un stage dans un théâtre, cherche son orientation. Elle a un goût prononcé pour la psychologie et l'écriture. Elle atterrit à Presse Océan à Saint-Nazaire pour un stage. C'est la révélation. « J'ai adoré écrire un article pour rendre compte d'une histoire, d'un fait », se rappelle-t-elle.

A partir de là, tout s'enchaine. Elle refait des stages à Presse Océan, suit une préparation pour passer les concours d'entrée aux écoles de journalisme. Elle est admise au CUEJ à Strasbourg. Des stages à Ouest France, un CDD en édition à Libération à la sortie de l'école et rapidement, une embauche à 20minutes. « C'était le gratuit dynamique qui embauchait, j'avais déjà pigé pour eux. Au bout de deux ans, je suis passée au web et en 2008, à la direction du service d'informations générales », raconte Catherine Fournier. Et en 2011, elle rejoint France TV info, au lancement du site.

« Il faut être un couteau suisse »

Petit à petit, elle creuse son sillon vers la chronique judiciaire. D'abord en traitant des affaires, sans assister aux procès pour 20minutes. « Le sordide et le glauque ne me font pas peur. Tout ce qui touche aux tréfonds de l'âme humaine, qui rejoint la psychanalyse, me plaît », raconte-t-elle. Cette appétence va se confirmer à France TV info, lorsqu'elle est envoyée pour couvrir le procès de la mort de la petite Marina au Mans, une fillette battue à mort par sa mère et son beau-père. « Mes chefs ont remarqué ma plume pour ces sujets, j'ai pu ensuite cultiver cette dominante », se souvient Catherine Fournier.

Lors d'un procès, la journaliste regarde tout : « L'attitude des jurés, de l'accusé, de l'avocat général... On est comme une sorte de greffier subjectif et objectif à la fois ». Pas facile de tout noter et faire un live tweet en même temps. « Il faut être un peu couteau suisse », blague-t-elle. « La fois où je m'en suis le mieux sortie c'est pendant l'affaire Neyret, j'ai réussi à avoir beaucoup de détails, prendre mes notes sur mon ordinateur et twitter en même temps », explique Catherine Fournier. Perfectionniste, elle aime faire un point avec ses chefs, après chaque live-tweet. « C'est encore en chantier, il faut trouver le bon équilibre pour que ce soit complet mais pas trop exhaustif », précise la journaliste.

Quand elle écrit, Twitter et son article proposent deux offres différentes. « Sur Twitter je donne à voir, à entendre, c'est une fenêtre sur tout le procès, je n'éditorialise pas du tout. L'article quant à lui va être problématisé, c'est une fenêtre sur un coin de la pièce, selon l'angle choisi », image-t-elle. Twitter a même un côté addictif pour la journaliste quand elle est retweetée ou que ses posts sont commentés : « Ca ouvre des débats, c'est devenu un réflexe, je ne me verrais pas ne rien tweeter d'un procès ».

Une formation pour se spécialiser

A France TV info, les journalistes sont affectés par temporalité : très chaud, tiède ou froid. « L'avantage du web, c'est d'avoir de la place pour écrire mais le drame, c'est qu'on est un peu tous généralistes », regrette-t-elle. 

Catherine Fournier n'abandonne pas l'idée de se consacrer un jour à 100% à la chronique. Membre de l'Association de la presse judiciaire, elle élargit ses contacts et ouvre son horizon. Elle entame également une formation d'un an à raison d'une semaine par mois à l'Institut National des Hautes Etudes de Justice et de Sécurité, la formation par excellence des journalistes police-justice.

Parfois, elle imagine ce qu'aurait été sa vie si elle n'était pas journaliste. Dans ces moments là, elle se voit bien vivre en province et devenir « expert psy», jamais très loin des tribunaux, en intervenant à la barre dans les dossiers.

Et puis elle assiste au procès Kabou, où il faut sonder l'âme humaine, la folie, disséquer le profil d'une femme qui abandonne son enfant à sa mort certaine. A Outreau III où elle participe à un pan de l'histoire de la justice. Ces jours-là, Catherine Fournier n'est pas près de reposer sa plume.

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